En dépit d’un contexte moins favorable depuis quelques années, la maison individuelle n’en reste pas moins plébiscitée par trois Français sur quatre. Espace, individualité, tranquillité, tels sont les arguments le plus souvent évoqués. Et quoi de mieux, en effet, qu’une maison pour répondre à cette quête du bien-vivre. D’autant que s’y ajoute généralement un jardin, espace de jeu, de convivialité et de liberté pour les petits et les grands. Bref, la maison concentre la plupart des atouts du logement idéal tel que se le représentent les Français.
De fortes disparités régionales
Mais, comme tous les segments de la construction, elle a beaucoup souffert de la crise économique et 2014 n’a guère été favorable à l’achat et à la construction de maisons individuelles. Selon l’Union des maisons françaises (UMF), les ventes ont enregistré une baisse de 4 % sur un an en 2014 par rapport à 2013. S’agissant d’une moyenne pour l’ensemble du territoire, il existe bien évidemment de grandes disparités d’une région à l’autre. Si le Nord (+8 %), l’Ile-de-France (+9 %) voient leurs ventes se redresser sensiblement, l’Est (-1 %), la Bretagne (-2 %), le Sud- Ouest ou le Centre-Est (-6 %), par exemple, restent à la traîne. Mais ce sont surtout les régions du Sud qui restent très impactées par la conjoncture économique, telles que le Grand Ouest (-13 %), le Languedoc-Roussillon (-17 %) ou la région Paca (-11 %). Ces chiffres traduisent toutefois « une atténuation sensible des chutes de commercialisation enregistrées les années précédentes. Pour mémoire, à l’échelle de la France, la baisse atteignait 16 % en 2012 et 19 % en 2013 », indique Patrick Vandromme, le nouveau président de l’UMF, qui succède à Christian Louis Victor et qui est également patron de Maisons France Confort. Mais, selon lui, cette baisse de 4 % marque le début d’une stabilisation du marché et laisse entrevoir une embellie pour 2015.
Faiblesse de l’activité récente
Reste qu’au total, seulement 99 000 ventes de maisons ont été actées en 2014 en secteur diffus, c’est-à-dire sur des terrains acquis isolément (contre 102 600 en 2013). C’est 49 % de moins qu’il y a 10 ans (194 000 ventes). En matière de maisons groupées (vendues par les promoteurs), les ventes ont beaucoup mieux résisté puisqu’en 10 ans, elles sont passées de 39 000 à 35 000 (-10,3 %). La faiblesse de l’activité récente s’explique évidemment par le manque de confi ance des acquéreurs, en particulier des primo-accédants, qui sont en fort recul sur le secteur diffus. En 10 ans, les ventes à cette clientèle sont, en effet, passées de 127 900 unités (66 % du total des ventes) à 53 400 (34 %) alors que celles à destination des secundo-accédants sont tombées de 66 100 unités (54 %) à 45 600 (46 %).Malgré cette conjoncture morose, le dernier trimestre 2014 et le début de l’année 2015 semblent confi rmer une timide remontée de l’activité, ce qui permet aux constructeurs et promoteurs d’être plus optimistes pour 2015. « Selon l’indicateur Markemetron, les ventes ont progressé de 12 % en janvier, de 11 % en février et de 21 % en mars », précise Patrick Leleu, président de Geoxia, un groupe qui détient de nombreuses marques de maisons parmi lesquelles Phénix, Maison Familiale ou encore Castor.
Embellie grâce aux taux historiquement bas
Dans l’ensemble, les constructeurs tablent sur une hausse des ventes de l’ordre de 2 % sur l’ensemble de l’année 2015. A cette embellie, plusieurs raisons. Tout d’abord, le niveau des taux d’intérêt qui n’a jamais été aussi bas. A l’heure où nous écrivons, ils continuent à baisser de 0,05 à 0,10 point. En outre, « le printemps est propice aux affaires en matière de crédit, explique Cécile Roquelaure, directrice de la communication et des études chez Empruntis. C’est généralement une période stratégique pour les banques qui cherchent à mieux positionner leur offre lorsqu’elle n’est pas assez concurrentielle ». Résultat, les taux de marché oscillent entre 2,10 % sur 15 ans, 2,35 % sur 20 ans ou encore 2,90 % sur 25 ans. Des taux qui peuvent être largement inférieurs avec un excellent profil. Par exemple : 1,65 % sur 15 ans ou 1,80 % sur 20 ans !
Les effets du nouveau PTZ
Autre raison qui dope la demande des acquéreurs, la réforme du prêt à taux zéro (PTZ). En vigueur depuis le 1er octobre 2014, elle offre de meilleures conditions aux primo-accédants, qui l’ont d’ailleurs bien compris. Cette réforme avantage particulièrement la zone B2 (villes de 50 000 à 250 000 habitants) et la zone C (secteurs ruraux). Ainsi, un couple sans enfant, avec des revenus correspondant à deux Smic et qui fait construire en zone B2, bénéficie d’un pouvoir d’achat accru, passant de 145 700 euros en moyenne à 160 200 euros, soit un gain de 14 500 euros. De même pour un couple avec deux enfants qui gagne deux Smic et demi. En zone B2, il peut acquérir un bien de 213 000 euros contre 192 500 euros auparavant, soit un gain de 20 500 euros. S’il réside en zone rurale (zone C donc), son budget atteint 201 200 euros contre 187 800 euros avant la réforme, soit 13 400 euros. La nouvelle mouture augmente donc le pouvoir d’achat des prétendants à l’acquisition de leur résidence principale, notamment en maison. Les effets de cette refonte ne se sont donc pas fait attendre et permettent aujourd’hui au marché de se redresser significativement. D’autant que, par ailleurs, promoteurs et constructeurs ont adapté leurs modèles pour les rendre financièrement plus accessibles.