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Le prêt participatif peut-il s’imposer dans l’immobilier ?

VIDEOS. Ce mode de financement permet à des particuliers de prêter de l’argent, avec un taux d’intérêt, aux porteurs de projets.

Le prêt participatif peut-il s’imposer dans l’immobilier ?
Le prêt participatif peut-il s’imposer dans l’immobilier ?

"C’est une vraie brèche dans le monopole bancaire", annonce d’entrée Florence de Maupeou,.. La coordinatrice générale de l’association des professionnels du crowdfunding Financement participatif France (FPF) évoque en ces termes l’arrivée du crowdlending, déjà bien implanté dans le secteur du financement des entreprises. Mais de quoi s’agit-il ?

Concrètement, d’aider des porteurs de projets en prêtant de l’argent avec intérêt, tout comme le font les établissements bancaires : "En 2014, les pouvoirs publics ont enfin légiféré sur ce procédé. La plateforme qui propose ce type de service doit au moins posséder le statut d’intermédiaire en financement participatif (IFP). Les internautes prêtent alors jusqu’à 1 000 € avec des taux d’intérêts avoisinant les 8 %. Sur les sites possédant le statut de conseiller en investissement participatif (CIP), les prêt maximum s’élèvent à 4 000 €".

Après avoir fait les beaux jours de jeunes pousses du monde de l’entreprise comme Finsquare, Cashar ou Prêtgo, c’est au tour du secteur immobilier de se convertir… en douceur.

La promotion immobilière surfe sur la vague

Des plateformes comme Clubfunding ou Inidev s’y essayent, parmi d’autres services. Lancée en 2014, la start up Hexagon, présidée par Emmanuel Da Costa en a fait son activité principale, et préfère parler de crowdbuilding plutôt de crowdlending : "Nous aidons des constructeurs à boucler leurs fonds propres pour un programme immobilier. Nous sommes sur "des petites sommes", allant de 200 000 € à 300 000 €, même si la loi nous autorise à monter jusqu’à 1 million d’euros." Des montants pas assez importants pour intéresser les banques qui laissent ainsi les petits constructeurs sur le bord de la route.

Depuis son existence, Hexagon a bouclé 14 projets. Mais pour l’instant, les investisseurs ne touchent leurs premiers rendements que sur deux d’entre eux. Des prêts dont les intérêts annuels s’élèvent à 10 % sur un an. "Pour un ticket d’entrée à 1 000 €, le particulier se retrouve au bout d’une année, avec 1 085 € net", indique le président de l’entreprise. "L’idée est d’inciter l’investisseur à diversifier son portefeuille sur différents projets."

Des risques toujours présents

Comme pour toutes opérations de financement participatif, les risques sont présents : "Il se peut qu’il y ait du retard sur les remboursements dus à des problèmes sur le chantier ou même des modifications législatives. Cela nous est arrivé lors du passage du dispositif d’investissement locatif Duflot en Pinel. Nous essayons de sécuriser au maximum les opérations, mais certains facteurs extérieurs nous échappent". Tant que la collecte n’atteint pas les 80 % sur Hexagon, aucun contrat n’est envoyé aux particuliers. Ils peuvent à tout moment retirer leur promesse de financement.

Enfin, l’échec d’une opération est également à craindre. C’est ce qui est arrivé à Inidev. La société avait tenté, fin d’année 2015, une levée de fonds de 200 000 € en prêt pour un programme immobilier de 16 logements à Chevreuse (78). Arrivée à la date limite de la collecte, le 28 février 2016, seuls 80 000 € avaient pu être rassemblés. "Nous n'avons pas su trouver assez d'investisseurs pour compléter le tour de table et il a fallu boucler l'opération en placement privé", indique Mehdi Gaiji, fondateur de la société. Le projet a toutefois pu être terminé et les prêteurs ont pu toucher leurs intérêt élevés à 10 % annuels. "Selon moi, le problème vient du plafond limité à 1 000 €. S'il était possible de mettre plus d'argent, des sommes avoisinant les 6 000 € par exemple, je suis persuadé que l'on trouverait plus d'opérations en crowdlending qu'actuellement", ajoute le fondateur de Inidev.

Un complément pour la promotion immobilière

Car les sites de crowdlending immobilier sont encore peu nombreux. "Le problème avec ce mode de financement appliqué à l’immobilier c’est le plafond des tickets. Ils sont souvent faibles or, les programmes de logements nécessitent des sommes considérables", précise Florence de Maupeau. Mais vu l’engouement rapide qu’a connu le crowdfunding immobilier, encore inconnu il y a quelques années, il n’est pas impossible que le prêt participatif trouve son public.


De là à en conclure qu’il supplantera un jour le financement bancaire classique des opérations immobilières ? "On peut toujours rêver. Nous en sommes encore très loin. Pour l’instant, c’est un complément pour les petits promoteurs, rien de plus. Mais qui sait, dans dix ans, je tiendrais peut être un discours différent", répond amusé Emmanuel Da Costa.

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