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« Les acquéreurs peuvent continuer à avancer dans leur projet immobilier pendant le confinement »

Julien Mouazan Fondateur de la plateforme HAPPYWAIT revient sur les conséquences du confinement et de la crise sanitaire sur les ventes immobilières de logements neufs.

« Les acquéreurs peuvent continuer à avancer dans leur projet immobilier pendant le confinement »
« Les acquéreurs peuvent continuer à avancer dans leur projet immobilier pendant le confinement »

Que constatez-vous sur le secteur du neuf ? Les ventes peuvent-elles se conclure ?

Julien Mouazan : Le secteur de la construction neuve a subi un choc avec l’arrêt brutal des chantiers. Cela a déjà un impact sur les réservations, la crise sanitaire du COVID-19 créant un climat anxiogène qui n’est évidemment pas propice à l’achat immobilier. Par précaution, certains acquéreurs «repoussent» ainsi leur projet d’investissement ou de résidence principale.

Cependant, la digitalisation permet de maintenir une activité commerciale pendant le confinement. Si elle transforme le métier de promoteur immobilier depuis plusieurs années maintenant, elle gagne du terrain en ce moment, notamment parce qu’elle offre la possibilité de réaliser des ventes à distance. Depuis le début du confinement, nous constatons une nette augmentation des signatures électroniques des contrats de réservation.

Le décret permettant aux notaires de signer sans la présence des particuliers va-t-il permettre de fluidifier certaines ventes ?

Julien Mouazan : Oui, et pour plusieurs raisons. Le décret n°2020-395 du 4 avril dernier autorisant l’acte notarié par comparution à distance va permettre non seulement de désengorger les études notariales mais également d’éviter que des retards encore plus importants se produisent à la reprise.

C’est en outre un bon signal «psychologique» pour les réservataires en VEFA, qui vont moins avoir l’impression que leur projet est «stoppé». Cela va aussi rassurer les personnes déjà engagées dans une réflexion d’achat.

Quels sont les freins que rencontrent actuellement les professionnels ? Certains chantiers peuvent-ils reprendre ? Les chantiers prendront ils beaucoup de retard ?

Julien Mouazan : L’un des freins principaux tient à l’ordonnance n°2020-306 du 25 mars dernier, qui est venu allonger les délais d’instruction des autorisations d’urbanisme et les délais de recours. Les professionnels vont donc devoir attendre au-delà de ce qu’ils avaient prévu pour obtenir des permis purgés. Ce décalage va inévitablement conduire au report des chantiers, ce qui inquiète les promoteurs immobiliers.

De plus, beaucoup de décisions ont été gelées à cause du report du second tour des élections municipales. La profession s’est donc organisée pour proposer des alternatives à ce décret. Elle souhaite, de façon collective, travailler en bonne intelligence avec le Gouvernement, de façon à éviter l’effet boule de neige sur l’ensemble du secteur d’activité. Des choses ont d’ailleurs déjà été mises en place. Le Gouvernement a validé le 3 avril dernier les préconisations sanitaires proposées par les entreprises du BTP. L’OPPBTP (Organisme professionnel de prévention du BTP) a quant à lui préparé un guide de bonnes pratiques afin de poursuivre les chantiers dans des conditions garantissant la sécurité et la santé des salariés.

Pour autant, ces recommandations ne pourront pas être mises en place sur tous les chantiers. Les entreprises concernées devront faire appel aux dispositifs de soutien économique et prendront évidemment plus de retard que les autres.

Comment aidez-vous le marché en ce moment avec votre solution digitale ?

Julien Mouazan : Notre solution permet de répondre à 2 enjeux majeurs : garder un lien avec les clients existants et maintenir une activité commerciale.

  1. S’agissant des clients existants, l’accompagnement est primordial, dans la mesure où l’arrêt des chantiers provoque des inquiétudes et des questionnements chez les acquéreurs. Cela est d’autant plus délicat à gérer qu’avec le confinement, les rencontres physiques pour échanger sur les projets et leur avancement ne sont plus possibles. Notre solution permet justement de contourner la difficulté, puisque le promoteur et l’acquéreur peuvent continuer à partager des informations et à avancer sur le projet, dans un espace digital prévu à cet effet.
  2. S’agissant de l’activité commerciale, qui est tout aussi essentielle, la solution développée par HAPPYWAIT permet au promoteur immobilier de préparer, de faire signer à distance puis de notifier par Lettre Recommandée Électronique un contrat de réservation avec les mêmes garanties légales. En résumé, à continuer à avoir de nouveaux dossiers !

Quels sont vos conseils pour les particuliers qui souhaitaient acheter dans le neuf ?

Julien Mouazan : Je pense qu’ils peuvent continuer à avancer dans leur projet immobilier. Les projets dont le début de la construction est programmé à partir de 4ème trimestre 2020 ne seront, a priori, que «peu» impactés. Le marché immobilier reste tendu et l’offre faible, donc en cas de coup de coeur, il ne pas faut hésiter à poursuivre les démarches !

Pour les personnes qui sont déjà dans un processus de réflexion d’achat, de nombreuses solutions proposées par la Proptech permettent d’ores et déjà de donner vie aux projets (Visite virtuelle 3D, RDV dynamique à distance, recherche de financement, etc.).

Aujourd’hui, la réflexion peut se faire à distance, avec des outils digitaux, jusqu’à la concrétisation du projet grâce à la signature électronique du contrat VEFA.

Pensez-vous que les prix baisseront dans le neuf en raison de la crise ?

Julien Mouazan : Hormis les questions sur les retards possibles des chantiers, certains particuliers se posent certainement la question de la variation des prix après le confinement. Il est très compliqué de prédire les effets que cette situation inédite aura sur les prix.

Avant la crise du COVID, le marché était dynamisé par des taux de crédits très bas qui encourageaient les investisseurs à s’endetter malgré le prix élevé des biens immobiliers. On peut donc raisonnablement imaginer que si les taux remontaient, les prix pourraient légèrement baisser. Cependant, la faible offre, couplée au retard des nouvelles constructions, pourrait contre-carrer cet effet.

La crise actuelle va-t-elle bouleverser les expériences d’achat immobilier ?

C’est évident, aussi bien côté acquéreurs que promoteurs ! Pour les particuliers, le digital peut paraître évident pour l’achat de cartouches d’encre ou de livres. Mais acheter un bien immobilier pour y loger sa famille ou pour investir de façon 100% digitale, c’est différent et nouveau ! Les acquéreurs vont donc découvrir un nouveau mode pour « consommer l’immobilier ».

De leur côté, les promoteurs immobiliers sont contraints d’accélérer leur digitalisation. Ils découvrent cette nouvelle manière de travailler de façon un peu rapide et forcée, mais réalisent à l’occasion que cela peut améliorer leur process. Le retour en arrière sera donc compliqué, mais finalement, c’est une bonne chose à la fois pour eux, et pour toutes les sociétés qui proposent des solutions innovantes.

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