L’immobilier doit tenir compte de son environnement. Le changement climatique et les enjeux environnementaux nous imposent de rénover massivement et de construire différemment. Une rénovation énergétique à grande échelle mais il faut aussi limiter l’étalement urbain, densifier, réutiliser l’existant, recycler des bâtiments, redonner vie à des lieux vacants, obsolètes ou dépassés. Post-Covid, il y a aussi la prise de conscience de mieux répondre aux besoins et aux nouveaux usages pour produire des logements.
La plupart des architectes et des opérateurs du logement neuf élaborent de nouveaux plans : volumétrie des intérieurs, espaces extérieurs, évolutivité des logements pour s’adapter aux différents âges de la vie et aux besoins des familles, coins bureau pour le télétravail, espaces communs/partagés dans les bâtiments, végétalisation, accès aux services et aux transports, mobilité. C’est aussi la construction bas carbone, la réversibilité des bâtiments, la transformation de bureaux en logements.
La transition écologique touche l’immobilier en profondeur
L’empreinte carbone est un sujet incontournable et les enjeux réglementaires sont fixés. Encore faut-il trouver le juste équilibre entre prise de conscience écologique et réalité économique. Ce qui n’est pas simple dans un contexte nettement moins porteur depuis le second semestre 2022 (hausse des taux, des coûts de construction, …). Mais c’est le sens de l’histoire. C’est aussi le sens de l’histoire de ne plus penser, raisonner et se projeter en construisant des logements, des bureaux, des commerces en silo, comme durant plusieurs décennies, mais bel et bien de bâtir autrement, produire et réinventer des lieux de vie hybrides qui mixent les activités, anticipent les fonctions et facilitent l’évolution des destinations, comme le permis d’innover.
L’URBANISME DEMAIN : LA VILLE BOUGE ET SE TRANSORME PAR OLIVIER MARIN
Donner du sens
Entre la stratégie des petits pas et celle qui préconise d’accélérer pour construire de façon plus vertueuse, il y a des choix à faire. Écologiques, économiques, politiques. Les matériaux biosourcés et géosourcés, d’origine naturelle, et ceux du réemploi, sont aussi au cœur de ces enjeux. La terre crue, la pierre, le bois, le liège, la paille, l’herbe ou d’autres fibres, c’est aussi le réemploi de déchets…des matériaux renouvelables, issus des produits dont le cycle de production stocke du carbone. Donner du sens, c’est aussi repenser la ville, les déplacements, la mobilité, aménager les espaces publics, l’usage des bâtiments, leur utilisation, la place de la nature.
Encore faut-il produire du logement abordable. Impliquer plus en amont les habitants aux projets. Etre attentif aux nouvelles façons de vivre. D’autant que nous devons répondre à trois grandes transitions : écologique, démographique (dans moins d’une décennie, les personnes âgées entre 75 et 85 ans passeront de 4 à 6 millions), numérique (qui bouleverse notre quotidien). La fabrique de la ville de demain nécessite la mobilisation de tous. C’est toute une série d’actions en faveur de la réhabilitation, la rénovation, le recyclage qu’il faut engager. Si des modèles sont encore à améliorer, ils ont le mérite d’exister. Imagination, bon sens, traduction de nouveaux défis de plus en plus partagés. Le mouvement est en marche.
Livre "L'urbanisme demain" (Olivier Marin, éditions Apogée)